L’Afrique fait face à des défis politiques, sécuritaires, sociaux et économiques qui ignorent les frontières, se diffusent et s’étendent de manière globale. Si des progrès sont notés dans la gouvernance avec une relative pacification du jeu politique, notamment la marche vers la démocratie et la démilitarisation de l’État, il y a lieu de relever la persistance de défis sécuritaires véritables. Des conflits et des crises qui se complexifient, et se développent avec les rebellions politiques, la violence électorale, les troubles sociaux, le terrorisme, le trafic de drogues, le blanchiment de capitaux, etc. Globalement, l’Afrique est confrontée à la faiblesse de l’État et donc au péril sécuritaire. Le continent africain est donc l’un des plus violemment déchirés par les conflits. Ceux-ci ont toujours une double dimension de guerre civile interne et d’ingérence étrangère. Les ressources naturelles et minières, loin d’être une source de prospérité pour l’Afrique, alimentent directement ou indirectement la plupart des conflits. Les concurrences pour le partage des terres, aggravées par la croissance de la population et la convoitise des puissances extérieures et par la perte de fertilité des sols, sont sous-jacents à la plupart des conflits qualifiés de conflits ethniques ou communautaires. La faible légitimité des États en fait un rempart bien fragile contre l’irruption de la violence quand elle n’en est pas le premier facteur. La communauté internationale a développé toute une philosophie de reconstruction de l’État après sa faillite mais ni les méthodes utilisées, ni la faible durée des interventions ne contribue à leur réussite. Et, malgré les efforts louables de l’Union Africaine et des organisations sous régionales, rares sont les conflits qui se sont dénoués sans une intervention de la « communauté internationale ».
Pourtant, porteuse de traditions millénaires, l’Afrique a ses propres instruments de régulation des conflits et de construction de la paix et celles-ci mériteraient d’être confrontées à l’expérience internationale pour développer une nouvelle doctrine.
De toute évidence, la gouvernance est un déterminant fondamental des crises et conflits sur le continent. Ainsi la faillite de l’État se traduit également par des difficultés réelles à assurer la paix pour tous et la sécurité pour chaque personne et ses biens. Elle exprime alors l’échec historique de concevoir et de faire fonctionner des règles, des institutions et des modes de régulation politique, administrative, économique et sociale qui garantissent la stabilité et l’harmonie des sociétés africaines, donc la paix et la prospérité.
La paix, d’après Archibald MacLeish, l’un des concepteurs de la Constitution de l’UNESCO, « est un processus et une condition, et non pas un objet figé que l’on obtiendrait ou perdrait de manière périodique. C’est une situation mutuellement partagée de confiance, d’harmonie et d’objectif » qui favorise la « coordination des activités permettant aux femmes et aux hommes libres de vivre une vie décente où la guerre est rejetée de manière affirmative, grâce à une création dynamique et délibérée d’un ordre social et humain entre les peuples du monde et où les encouragements à la guerre sont neutralisés par les progrès humains et spirituels réalisés ».
Aussi les efforts que font les pays africains pour renforcer les capacités de maintien de la paix doivent être notés. L’Union Africaine (UA) et la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de L’Ouest (CEDEAO) ont chacune créé un mécanisme, respectivement en 1993 et 1999, afin de se doter de moyens institutionnels pour mieux gérer les crises et les conflits. Avec ces initiatives, les instruments africains d’intervention en matière de sécurité ne cessent d’augmenter. Pourtant, les conflits et les crises persistent, et perdurent. C’est dire que la réalisation des conditions de sécurité et de paix passe inévitablement par une refondation du système de sécurité et la légitimation des projets d’instauration de la paix.
Quels sont les principes et modalités de refondation des mécanismes de prévention et de gestion des conflits en Afrique ?
Quels sont les modes, mécanismes et instruments traditionnels de prévention et de gestion des conflits à revisiter ?
Comment bonifier les modes, mécanises et instruments modernes de prévention et de gestion des conflits par un recours aux traditions africaines porteuses ?
Quelles conditions et quels systèmes de sécurité pour assurer la paix et la stabilité en Afrique, notamment dans les domaines politique, social, économique, militaire etc. ?
Quelle place et quel rôle des différentes catégories d’acteurs dans la prévention et la gestion des conflits en Afrique ? (gouvernants, politiques, forces de défense et de sécurité, légitimités traditionnelles et religieuses, citoyens, la société civile, les organisations régionales et sous régionales, la communauté internationale etc.)