La mondialisation apparait de plus en plus comme une recomposition de l’espace économique mondial, avec une interaction croissante des échanges (principalement économiques) entre les sociétés humaines mais aussi des risques avérés de fracture sociale et de troubles politiques. Ce prima de l’économique conduit à l’exclusion de groupes sociaux entiers, aussi bien au Nord qu’au Sud, du bien-être et de la sécurité auxquels ils ont naturellement droit. Cette situation se traduit, en Afrique, par des catastrophes humanitaires, sociales, politiques, économiques et environnementales à répétition, de même qu’elle alimente la précarisation au Nord et creuse le fossé entre les pays du Nord et ceux du Sud, entre ceux qui peuvent saisir les opportunités offertes par la mondialisation et ceux qui n’y trouvent pas leur place. Une conception aussi inégalitaire de la mondialisation, avec les déséquilibres qu’elle engendre dans les relations internationales et au sein d’un même pays, est de nature à perpétuer la dépendance des pays du Sud, à renforcer les inégalités, à exacerber les contradictions entre différentes perceptions et croyances, à alimenter la confrontation dans les rapports internationaux et à porter atteinte à l’environnement et au développement durable.
Les conséquences dramatiques des nouvelles formes de domination économique et politique, l’importance prise par les capitaux spéculatifs et l’hégémonie des firmes multinationales dans le nouvel ordre mondial, posent la nécessité de redonner du sens à la mondialisation et aux interactions entre les sociétés humaines. Au moment où l’Afrique s’affirme de plus en plus comme « l’avenir du monde », le continent doit évoluer de son état de sujet passif de la mondialisation à celui de plein acteur - à même de peser sur la marche du monde, en faisant valoir ses intérêts - et de participer à la définition du sens à donner à cette mondialisation. Compte tenu de l’exclusion et de la frustration dont l’Afrique a longtemps souffert, la notion de partage revêt une signification particulière. Aussi, une vision partagée de la mondialisation, associant pleinement l’Afrique, au même titre que les autres continents, apparait-elle comme une justice rendue au continent africain et une reconnaissance du rôle éminent qu’il est en mesure de jouer dans la mondialisation grâce à ses énormes potentialités.
A quelle vision du monde l’Afrique doit-elle adhérer ? Assurément à celle qui permet à ses populations et à l’humanité tout entière de se prémunir des excès de la globalisation du capital et de tirer profit de ses opportunités. Comment l’Afrique va-t-elle alors participer à la construction d’une vision partagée de la mondialisation, centrée sur l’homme, dans le respect de la diversité et des flux internationaux porteurs de développement véritable ?