L’entrée dans le troisième millénaire s’effectue sur fond de crise majeure de la gouvernance mondiale. Construites dans le contexte particulier de la fin de la seconde guerre, les institutions qui ont mandat de réguler le cours des relations internationales s’avèrent incapables d’assumer pleinement cette mission, en raison de l’insuffisance de leurs ressources et du fait que les grandes puissances leur imposent des stratégies orientées vers leurs seuls intérêts. L’humanitaire prend souvent le pas sur la sécurité et le droit des peuples au développement alors que la rhétorique l’emporte sur l’action pour tout ce qui est de l’extension de la pauvreté, des atteintes à l’environnement ou encore du non respect des normes sociales.
Les modes de pensée et d’action issus de la mondialisation ne permettent plus de faire face aux nouveaux défis globaux (sécurité, climat, pandémies…), qui nécessitent des réponses moins solitaires et plus solidaires. Force est d’admettre que les effets pervers engendrés par des bouleversements qui affectent les domaines économiques, technologiques et financiers ne sont pas compensés par des modes de régulation intégrant d’autres critères que des paramètres économiques (normes sociales, normes environnementales…). Cette crise de gouvernance a des conséquences dramatiques sur l’Afrique, en raison de son extrême vulnérabilité aux chocs extérieurs. Il est illusoire de parier sur un développement significatif des pays africains sans la levée des entraves au développement, imposées par la mondialisation et le système actuel des relations internationales.
Dans un tel contexte, les réformes structurelles engagées en Afrique, au prix de grands sacrifices, resteront vaines, comme il en fut des politiques d’ajustement structurel des années 80. De là apparait la nécessité d’une meilleure prise en compte des intérêts de l’Afrique dans les grandes négociations internationales, qu’il s’agisse du climat, du commerce, de la dette ou encore du développement durable. Une gouvernance mondiale rénovée, fondée sur des régulations internationales plus équitables, prenant en compte les préoccupations et des intérêts de l’Afrique, qui aspire légitimement à devenir un acteur majeur de l’émergence et de l’enracinement d’une gouvernance mondiale solidaire, responsable et démocratique.