Contexte et problématique
En Afrique, l’économie de rente, peu lucrative et sans bénéfice pour les populations, est un déterminant fondamental de la pauvreté chronique des sociétés malgré l’abondance des ressources naturelles. Certes, les pays africains connaissent la croissance depuis plus d’une décennie, sans pour autant réaliser pleinement leur potentiel industriel, ni créer des emplois en nombre conséquent, pour venir à bout du chômage massif et de la précarité auxquels nombre d’entre eux sont toujours confrontés. L’Afrique doit donc faire en sorte que la dynamique de croissance actuelle résiste mieux aux chocs externes, se traduise par les résultats économiques et sociaux voulus et conduise véritablement au développement.
Il est, par ailleurs, établi que, les modèles d’industrialisation, d’inspiration libérale, ont failli car ils ont sapé les fondements même d’un développement authentique, profitable aux populations. Face à ce constant, l’impératif pour l’Afrique est de réussir son industrialisation en empruntant des voies originales pour en assurer la réussite et garantir la pérennité.
Dans cet objectif, la redéfinition de la place et de la manière d’être du secteur public dans la refondation de l’économie africaine notamment pour insérer avantageusement les entreprises industrielles africaines dans les chaines de valeur mondiales, assurer la création significative et la répartition des richesses fondée sur l’équité et le respect des droits des générations futures, construire des régulations nouvelles entre le secteur privé et la société, entre les biens privés et les biens communs, entre espaces privés et espaces publics entre l’Afrique et le reste du monde. Autant de défis complexes qui sont au cœur de la gouvernance de l’économique.
Quelle vision et quel code de conduite pour l’industrie et l’entreprise en Afrique dans une perspective de développement durable ?
Quelles valeurs et quels apports pour l’industrie et l’entreprise en Afrique dans un monde globalisé ?
Les Etats africains doivent-ils réaffecter une proportion du revenu national, en particulier des rentes tirées des ressources naturelles, pour le financement de l’acquisition de contenu technologique et de savoir faire de la transformation structurelle du secteur industriel africain ?
Quels modes de régulation et de gestion pour l’industrie et l’entreprise en Afrique dans une perspective de développement durable ?
Quelles stratégies et règles d’insertion de l’entreprise et de l’industrie africaine dans l’économie mondiale globalisée ?
Quelle stratégie commerciale favorable à l’industrialisation adoptée dans un monde dominée par les conceptions libérales de l’OMC ?
Comment concilier la place du secteur public et le rôle irremplaçable du secteur privé dans la définition et la gouvernance de l’entreprise nouvelle de l’Afrique ?
Comment faire de la transformation des matières premières et ressources naturelles en produits finis l’axe central du développement industriel de l’Afrique (le made in africa) ?
Quels enseignements l’Afrique peut-elle tirer de l’expérience industrielle asiatique des Zones Economiques Spéciales en vue d’éclairer sa politique d’industrialisation ?
Comment favoriser la mise en place et la consolidation d’une classe d’entrepreneurs compétents capables de jouer un rôle important dans la production de richesses nationales et dans la concurrence internationale ?
Quelle stratégie de mobilisation et de valorisation des ressources humaines pour du continent ?
Quel rôle peut jouer la création de petites et moyennes entreprises pour stimuler sur tout le continent un développement industriel durable et profitant à tous ?
Quel modèle africain de management et d’entreprise adapté aux réalités et aux besoins de l’Afrique ?
Quelle stratégie de développement de l’esprit d’initiative et d’entreprise en Afrique ?
Quelles règles partenariales pour des interventions des entreprises étrangères favorables à une croissance endogène et au développement de l’Afrique ?
Quel bilan peut-on tirer de l’expérience de compagnonnage industriel Nord-Sud expérimentée depuis dix années sur le continent africain ? a-t-elle permis aux entreprises africaines de conforter leurs positions sur leurs marchés, d’améliorer leur fonctionnement et de développer leurs activités ?
Comment convertir la présence des entreprises étrangères en une opportunité véritable pour l’Afrique d’acquérir les connaissances technologiques, les savoir-faire, les capitaux et les circuits de commercialisation internationaux nécessaires ?
Entre le partenariat avec les entreprises étrangères et le choix de privilégier les entreprises nationales, existerait-t-il une voie africaine spécifique ?