Atelier :


L’Afrique doit assumer la pleine responsabilité de son développement, à travers l’utilisation optimale des ressources tant internes qu’externes, pour réaliser ses priorités de développement et pour hâter la sortie du piège «de l’aide extérieure». Ceci passe par une réforme en profondeur du secteur financier et bancaire africain et l’émergence d’une intermédiation financière, apte à attirer et à allouer efficacement les flux de capitaux.

La disponibilité à grande échelle des ressources financières endogènes constituent un impératif d’émancipation du continent par rapport à une aide extérieure aux effets controversés. Il convient alors de s’investir dans un système de financement du développement centré prioritairement sur la mobilisation accrue des recettes publiques, des réserves de change, de l’épargne de la diaspora, des liquidités bancaires etc. En effet, La mobilisation optimale des recettes intérieures est le principal levier « d’endogénéisation» du financement du développement de l’Afrique, ce qui implique une profonde réforme fiscale, la lutte contre les transferts illégaux de capitaux, l’encouragement de l’épargne, la modernisation du système bancaire…

Dans le même temps, il faut renforcer l’attractivité du continent vis-à-vis des flux financiers internationaux vertueux.  En effet, à côté du développement du renforcement des capacités de financement endogène, il convient sans doute d’attirer, à plus grande échelle, des capitaux étrangers associés à un réel transfert technologique ; des capitaux ayant un faible impact sur l’endettement extérieur et susceptibles d’ouvrir des marchés à l’exportation de produits élaborés, qui profitent aux échanges infrarégionaux et aux rapports Sud-sud, notamment du fait que les frontières traditionnelles du développement sont remises en cause grâce aux nouvelles opportunités offertes par les pays émergents.

Dans cette perspective, Il convient d’engager des réformes pour inciter la diaspora à investir dans le développement du continent, améliorer l’environnement des affaires et les capacités de gestion des apports de capitaux privés, et enfin, développer davantage l’intermédiation financière afin de générer une épargne domestique et institutionnelle substantielle.

Quant à l’aide publique au développement, dont la tendance baissière se conjugue à une crise de légitimité, il importe surtout de lui faire jouer pleinement son effet levier pour la mobilisation de ressources privées.

L’Afrique doit améliorer l’accès de la population à un ensemble de services financiers offerts par des institutions financières formelles, offrant des produits diversifiés, abordables et adaptés aux besoins de la population en termes d’amélioration de ses conditions de vie socio-économiques et de portage de projets. L’inclusion financière constitue, en effet, un enjeu d’importance, car elle contribue à l’autonomie des individus et à la transformation des conditions de vie des plus défavorisés. Sa contribution est, également, essentielle à une croissance forte et inclusive. A contrario, l’exclusion financière réduit le potentiel de croissance d’un pays et appauvrit davantage sa population.

La micro-finance constitue déjà un vecteur d’inclusion financière en Afrique. Il faut certainement aller au-delà ! A cet effet, il importe de repenser la conception et le mode de fonctionnement des banques commerciales afin d’élargir la panoplie des services offerts, de rapprocher les services des populations des zones rurales, d’assouplir les conditions d’accès au crédit, de développer des produits mieux adaptés aux besoins de la majorité de la population, qui évolue à la marge du secteur formel de l’économie.

En définitive, les institutions financières doivent faire davantage d’efforts pour rendre leurs services plus accessibles aux femmes, aux jeunes et aux travailleurs en général, notamment en milieu rural. La responsabilité de l’inclusion n’incombe pas au seul système financier et bancaire. Il est indispensable aussi de promouvoir la culture financière et d’éliminer les freins socioculturels et monétaires à la bancarisation de l’économie pour un accès généralisé aux services financiers et bancaires formels des populations africaines, socialement pauvres mais économiquement actives.